Menton, 18 mars 2023 – Comme le rappelle Marie-Hélène Caillol dans son introduction, le projet européen a été conçu pour atteindre trois objectifs :
- La paix.
- La prospérité.
- La démocratie.
Si l’on regarde d’abord le passé profond, le projet européen a effectivement réussi à remplir ces objectifs :
- La paix : Pas de guerre entre l’Allemagne et la France (ou tout autre État membre d’ailleurs).
- La prospérité : Les trente années glorieuses, une augmentation massive du PIB.
- Démocratie : ancrée dans les États membres et, avec la fin de la guerre froide, un effort largement couronné de succès pour ancrer la démocratie en Europe centrale.
Mais au cours des trente dernières années, les choses ont progressivement commencé à dériver. Cela ne s’est pas produit d’un seul coup, mais lentement. C’est le résultat de l’évolution du monde qui nous entoure. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui confrontés à des défis qui remettent en cause nos objectifs :
- La paix : Les citoyens considèrent la paix en Europe comme un fait acquis, mais sont choqués de voir que des États non membres peuvent encore souffrir de la guerre – à commencer par les Balkans dans les années 90 et de façon encore plus frappante en Ukraine aujourd’hui.
- La prospérité : Une prise de conscience s’est progressivement opérée sur le fait que la croissance quantitative (PIB) n’est pas synonyme d’amélioration de la situation de tous (augmentation des inégalités) et qu’elle ne tient pas compte de la destruction de l’environnement.
- Démocratie : Une partie de nos concitoyens se sent exclue. Même si le populisme est alimenté par des politiciens opportunistes et soutenu par des trolls russes, les préoccupations de base sont là, et aggravées par un manque de démocratie au niveau (pan)européen.
Nous devons donc revoir le projet européen à l’avenir afin que ces mêmes objectifs puissent être atteints, mais d’une manière qui reflète les défis auxquels nous serons confrontés demain :
- La paix : La paix ne peut être garantie en agissant uniquement au sein de l’UE. Nous avons besoin d’un engagement mondial, par exemple si nous voulons éviter que des millions de réfugiés climatiques n’arrivent d’un seul coup. Pour ce faire, nous devons créer une alliance mondiale des démocraties.
- La prospérité : L’Europe doit devenir le chef de file de la transformation économique verte, en veillant tout particulièrement à ce que ce changement radical soit socialement juste.
- Démocratie : Nous devrons expérimenter de nouvelles formes de démocratie, y compris des assemblées de citoyens, en donnant aux parents le droit de vote pour leurs enfants et en reconstruisant le pacte social.
Si nous ne parvenons pas à adapter notre compréhension des objectifs, l’Europe sera confrontée à un avenir problématique. Le changement démographique à lui seul aurait un impact significatif sur nous, mais à cela s’ajouteront les périls du changement climatique, les bouleversements géopolitiques, la montée en puissance de la Chine (actuellement autocratique), pour n’en citer que quelques-uns. La bonne nouvelle, c’est que l’agenda peut être réalisé, et que l’on peut dire qu’un début de solution a été trouvé pour ces trois éléments. Mais il faut beaucoup de temps pour faire avancer la machine – et le monde va de plus en plus vite…
Adrian Taylor, fondateur 4sing, cofondateur TIESWEB (Hambourg)