A l’attention de nos dirigeants politiques et de la société civile
Les élections européennes de 2019 rentrent dans l’Histoire comme la première étape d’appropriation du projet européen par les citoyens.
Le coup d’arrêt à la crise de participation prouve que les élections européennes ne seront plus un vote de seconde classe. La présence de trois partis transeuropéens dans la campagne témoigne qu’un nombre accru d’Européens comprend désormais que certains sujets sont transfrontaliers. La centralité des questions environnementales dans la campagne, signalée par les scores réalisés par les partis verts et l’importance de ce thème dans les programmes de tous les partis, montre que pour un nombre significatif d’Européens, ce genre de sujet appelle des réponses continentales.
Tout ceci démontre que l’intérêt pour les politiques européennes augmente parmi les citoyens de tout le continent, que les citoyens des pays européens cherchent à prendre la main sur leur avenir et qu’ils sont conscients de leurs responsabilités partagées concernant le destin de l’Europe.
Mais ce bouleversement reste insatisfaisant, voire inquiétant, à plusieurs égards :
- la hausse de participation est toujours trop faible parmi les jeunes : cette année, encore 59% des jeunes sont les laissés-pour-compte de la démocratisation européenne;
- les partis transeuropéens existent désormais mais restent invisibles : Volt, Diem25 et Pirates n’obtiennent à eux trois que 5 sièges, l’avenir des Européens reste aux mains des nationaux et des nationalistes, renforçant la schizophrénie de l’Europe;
- les contenus européens de campagne furent dominés par les composantes les plus radicales des vies politiques nationales créant le risque que le nouveau débat politique tende à un extrémisme de mauvais augure menaçant les valeurs fondamentales de l’intégration européenne: quête commune de paix, démocratie, prospérité.
Aussi, tout en saluant les aspects de démocratisation et de potentiel de transformation de l’Europe qu’offre l’élection de 2019, nous appelons la société européenne dans son ensemble :
- à la plus grande vigilance sur les prédicats et orientations politiques qui seront données à notre projet commun dans le cadre de cette nouvelle législature;
- à s’assurer que lors de l’élection de 2024, des contre-propositions résultant de consultations et de dynamiques politiques directement européennes soient présentées aux Européens;
- à se constituer en modèles de citoyenneté active avant, pendant et aussi après les élections;
- à inclure la voix des jeunes dans les processus de décision aux niveaux locaux, nationaux et européens;
- à ancrer tout ce travail dans une réflexion sur l’avenir du continent à l’horizon 2040.
Si l’on admet que les jeunes forment la composante la plus européenne de notre société, qu’ils sont également les plus concernés par l’avenir et qu’ils présentent un fort potentiel d’innovation, c’est dans la jeunesse européenne que sommeillent les alternatives à cette Europe des divisions et de la peur de l’avenir.
L’ensemble de la société civile européenne doit s’appuyer résolument sur ces nouvelles générations pour que l’Europe devienne un outil au service de projets de société commune.
AEGEE-Europe, LEAP2040 et AAFB sont trois organisations liées à Franck Biancheri. Cette déclaration commune signale leur attachement à poursuivre le combat mené par Franck Biancheri pendant 30 ans pour démocratiser l’Europe, et à y adjoindre un nouvel horizon : 2040.