Laurent Nouchi, membre du réseau Franck Biancheri, Ministère de la défense
L’image que l’on garde de Franck est nécessairement subjective. Elle dépend de la période où on l’a connu, des relations que l’on a entretenues avec lui – amicales ou professionnelles, individuelles ou collectives – et de la nature de l’engagement personnel dans les projets qu’il a menés. Je revendique pleinement cette subjectivité dans la mesure où j’ai été un “compagnon de route” épisodique, en me remémorant trois images de Franck, liées à son engagement européen, qui est ce que j’ai le mieux connu chez lui.
La première remonte à 1985. le bureau des élèves de Sciences-Po que nous animions ensemble, Franck et moi, avait organisé une grande soirée à la Maison de la Chimie, mais tout le monde n’avait pas pu entrer et nous avions annoncé une nouvelle grande soirée quelques mois plus tard en guise de compensation. L’été portant conseil, à la rentrée, Franck développe l’idée d’organiser plutôt une grande assemblée d’étudiants provenant de plusieurs pays européens. C’est ainsi que l’idée d’EGEE, future AEGEE, apparaît. Intuition géniale ? Le succès est immédiat, la mobilisation réelle et Franck rejoint les acteurs de l’idée européenne. Il a sans doute eu conscience du rôle qu’il s’apprêtait à jouer. Je me souviens que certains, même bienveillants, le trouvaient alors “mégaloptimiste” mais c’est lui qui avait raison !
EGEE I – première conférence trans-européenne des étudiants du 15 au 22 avril 1985 à la Sorbonne (Paris/FR), on y retrouve déjà toutes les convictions de Franck : l’Europe est un but politique… Engagement des jeunes pour la conserver… Permettre aux jeunes de toute l’Europe de se rencontrer… L’Europe c’est aussi l’Europe de l’Est… Créer une opinion publique européenne…
En 1988, je retrouve Franck animé par la volonté de présenter des listes aux élections européennes de 1989. Des listes sous un même nom et un même programme résolument engagé en faveur d’une Europe des citoyens qui n’oublierait pas l’Europe de l’Est. Pourtant, la chute du Mur n’est pas encore intervenue … Je ne me souviens pas de la date de ce congrès dans une petite ville des Pays-Bas, où plusieurs dizaines de jeunes européens se sont réunis le temps d’un week-end pour bâtir un programme politique. Je vois très bien en revanche Franck prononcer le discours de clôture et nous mener à ces élections où IDE était présent dans 3 pays. Le programme d’IDE était le seul adapté à l’Europe qui allait émerger cette année-là. Pourtant, il y a eu peu de suites à cette aventure politique.
Réunion de lancement de IDE, à Renkum (NL) en 1988
Il y a quelques années, revenu à Paris, Franck me recontacte et, lors d’un déjeuner dans le 12ème arrondissement, me décrit ses activités de ses dernières années, notamment le marathon de conférences dans toute l’Europe en un temps très court. Ceux qui ont participé à cet évènement complèteront facilement la date, le nombre de conférences et le nombre de jours ! J’avais été impressionné par un des défis qu’avait relevés Franck : intervenir dans une conférence et expliquer l’idée européenne et son avenir devant un public de jeunes sourds-muets (c’était dans un des pays baltes, je crois). J’y ai souvent repensé en me disant que peu étaient capables d’aller ainsi à l’essentiel et que cette approche nous manquait, à l’heure où l’image de l’Europe est devenue complexe.
La carte du marathon « Où va l’Europe ? » réalisé par Franck Biancheri octobre 2002/juillet 2003 – 150.000 km, 25 pays, 100 conférences (cf le site Europe2020)
Il est temps d’insister sur l’héritage intellectuel de Franck, sur sa vision et ses anticipations. Le discours de la Sorbonne du 26 septembre dernier nous y conduit.
Laurent Nouchi
Laurent Nouchi, membre du réseau Franck Biancheri, Ministère de la défense
L’image que l’on garde de Franck est nécessairement subjective. Elle dépend de la période où on l’a connu, des relations que l’on a entretenues avec lui – amicales ou professionnelles, individuelles ou collectives – et de la nature de l’engagement personnel dans les projets qu’il a menés. Je revendique pleinement cette subjectivité dans la mesure où j’ai été un “compagnon de route” épisodique, en me remémorant trois images de Franck, liées à son engagement européen, qui est ce que j’ai le mieux connu chez lui.
La première remonte à 1985. le bureau des élèves de Sciences-Po que nous animions ensemble, Franck et moi, avait organisé une grande soirée à la Maison de la Chimie, mais tout le monde n’avait pas pu entrer et nous avions annoncé une nouvelle grande soirée quelques mois plus tard en guise de compensation. L’été portant conseil, à la rentrée, Franck développe l’idée d’organiser plutôt une grande assemblée d’étudiants provenant de plusieurs pays européens. C’est ainsi que l’idée d’EGEE, future AEGEE, apparaît. Intuition géniale ? Le succès est immédiat, la mobilisation réelle et Franck rejoint les acteurs de l’idée européenne. Il a sans doute eu conscience du rôle qu’il s’apprêtait à jouer. Je me souviens que certains, même bienveillants, le trouvaient alors “mégaloptimiste” mais c’est lui qui avait raison !
EGEE I – première conférence trans-européenne des étudiants du 15 au 22 avril 1985 à la Sorbonne (Paris/FR), on y retrouve déjà toutes les convictions de Franck : l’Europe est un but politique… Engagement des jeunes pour la conserver… Permettre aux jeunes de toute l’Europe de se rencontrer… L’Europe c’est aussi l’Europe de l’Est… Créer une opinion publique européenne…
En 1988, je retrouve Franck animé par la volonté de présenter des listes aux élections européennes de 1989. Des listes sous un même nom et un même programme résolument engagé en faveur d’une Europe des citoyens qui n’oublierait pas l’Europe de l’Est. Pourtant, la chute du Mur n’est pas encore intervenue … Je ne me souviens pas de la date de ce congrès dans une petite ville des Pays-Bas, où plusieurs dizaines de jeunes européens se sont réunis le temps d’un week-end pour bâtir un programme politique. Je vois très bien en revanche Franck prononcer le discours de clôture et nous mener à ces élections où IDE était présent dans 3 pays. Le programme d’IDE était le seul adapté à l’Europe qui allait émerger cette année-là. Pourtant, il y a eu peu de suites à cette aventure politique.
Réunion de lancement de IDE, à Renkum (NL) en 1988
Il y a quelques années, revenu à Paris, Franck me recontacte et, lors d’un déjeuner dans le 12ème arrondissement, me décrit ses activités de ses dernières années, notamment le marathon de conférences dans toute l’Europe en un temps très court. Ceux qui ont participé à cet évènement complèteront facilement la date, le nombre de conférences et le nombre de jours ! J’avais été impressionné par un des défis qu’avait relevés Franck : intervenir dans une conférence et expliquer l’idée européenne et son avenir devant un public de jeunes sourds-muets (c’était dans un des pays baltes, je crois). J’y ai souvent repensé en me disant que peu étaient capables d’aller ainsi à l’essentiel et que cette approche nous manquait, à l’heure où l’image de l’Europe est devenue complexe.
La carte du marathon « Où va l’Europe ? » réalisé par Franck Biancheri octobre 2002/juillet 2003 – 150.000 km, 25 pays, 100 conférences (cf le site Europe2020)
Il est temps d’insister sur l’héritage intellectuel de Franck, sur sa vision et ses anticipations. Le discours de la Sorbonne du 26 septembre dernier nous y conduit.
Laurent Nouchi