This article was written by Marie-Hélène Caillol, AAFB’s President.
LEAP and Franck Biancheri heirs who are working on the political and democratic Euroland governance logic for 15 years now, can only be pleased with the fact that we hear talking more and more frequently about the Eurozone Parliament idea.
Following Wolfgang Schaüble in January 2014, then François Hollande in July 2015, a lot of Politics, including some French presidential candidates, are now talking about this idea (Benoit Hamon and Emmanuel Macron for instance).
This article is only available in French.
Dès le deuxième regard cependant, il apparaît que tout le potentiel d’invention d’une démocratie trans-nationale sur la base de la zone Euro qui fait tout l’intérêt de cette idée[1] est directement annulé : les uns et les autres, y compris Thomas Picketty[2], ne conçoivent un Parlement de la zone Euro que comme un nouvel agrégat de parlementaires nationaux (issus de parlements nationaux) et euro-nationaux (issus du Parlement européen composés de représentants élus sur base nationale).
En aucun cas quiconque ne semble envisager une seule seconde de profiter de l’opportunité offerte par le fait de devoir ancrer politiquement et démocratiquement ce souverain commun qu’est l’euro pour répondre à un défi mondial majeur du 21ème siècle : l’invention de mécanismes démocratiques supranationaux, via un ancrage démocratique à la taille de ces institutions, une démocratie trans-européenne pour des institutions transeuropéennes tout simplement.
Or tant que l’Europe restera avec ses démocraties nationales comme horizon ultime du débat sur l’Europe et de la gestion de tous ces niveaux supra-nationaux que le XXème siècle a inventé, autant être clair : les extrèmes-droites seront beaucoup plus efficaces à faire du national-européisme.
Mais qu’est-ce qui fait que nos élites sont à ce point opposées à toute notion de démocratie supra-nationale, tout en clamant leur fidélité aux valeurs de démocratie et en montrant, à juste titre, que toutes ces institutions supra-nationales sont incontournables et qu’on ne reviendra plus au niveau national comme sommet de l’édifice de gouvernance ?
Peur de voir le niveau national se diluer ? Au contraire, la démocratisation des niveaux supra-nationaux de gouvernance ira de pair avec l’intégration harmonieuse de tous les autres niveaux de gouvernance. C’est la polarisation technocratico-libérale entre institutions européennes et gouvernements nationaux qui a affaibli les deux niveaux au cours des 25 dernières années. Si on demande leur avis aux citoyens, la compatibilité entre les deux niveaux de citoyenneté qui les caractérise s’imposera à l’édifice politico-institutionnel.
Peur que les citoyens ne votent pas comme ceux qui leur proposent de nouveaux Parlements voudraient qu’ils votent ? Il est impossible de reconstruire la confiance entre administrateurs et administrés sur une telle base de défiance. L’exemple doit venir d’en haut et des gestes de confiance en émaner… et une vraie capacité à entendre et obéir à une vox populi europeo enfin exprimée.
Car finalement le vrai problème est peut-être là : n’y a-t-il pas de part est d’autre des establishments mondiaux (y compris parmi les leaders de partis d’extrême droite qui ont le plus à cœur de couper définitivement tout espoir pour les citoyens d’influencer ces niveaux de gouvernance en leur mentant sur le fait qu’ils les sortiront du monde) cette idée que la gouvernance globale est une affaire trop compliquée pour les citoyens ?
Si c’est le cas, il va vraiment falloir réfléchir sérieusement à pourquoi des continents intégrés, un monde globalisé seraient inaccessibles à l’intelligence des citoyens.
Serait-ce justement parce que le citoyen est enfermé dans sa démocratie nationale (débats publics, médias, élections) qu’il n’est pas rendu apte à comprendre les enjeux des niveaux supérieurs de gouvernance rendu incapable ? Et c’est le cas, est-ce que ce n’est pas cela qui produit des classes politiques également incapables de comprendre et d’agir sur ces niveaux de pouvoir (rappelons que citoyens et politiques sont les deux faces de la même pièce) ? Et si ceci également est vrai, n’est-ce pas la raison pour laquelle les politiques sont graduellement éloignés du pouvoir pour être remplacés par des technocrates qui, eux, sont formés à comprendre ces niveaux de gouvernance (une tendance dont le phénomène Macron est la parfaite incarnation) ?
Mais quel intérêt avons-nous, nous citoyens et politiques, à un tel monde ? Et comment un tel monde fera-t-il pour se mettre au service du seul intérêt pertinent, le nôtre ?
La solution est dans la séquence de questions ci-dessus : activer une citoyenneté trans-européenne latente en créant des élections trans-européennes invitant des partis trans-européens à confronter leurs projets pour la zone euro / l’UE. Et, en un seul mouvement, générer les acteurs politiques, le débat et la citoyenneté directement issus de ce niveau complémentaire de gouvernance et, à ce titre, capables de comprendre et d’agir dessus.
Des élections trans-européennes, des vraies, vite !
[1] Comme la problématique du séminaire LEAP de janvier 2015 sur ce thème le laisse entrevoir. Source : LEAP, 09/01/2015
[2] Source : Blog Le Monde, 16/03/2017Cet article a été écrit par Marie-Hélène Caillol, Présidente de l’AAFB et du réseau Franck Biancheri.
LEAP et les héritiers de Franck Biancheri qui travaillent sur cette logique de gouvernance politique et démocratique de l’Euroland depuis juste 15 ans[1] ne peuvent que se réjouir d’entendre parler de plus en plus fréquemment de l’idée de Parlement de la zone Euro.
Dans la foulée de Wolfgang Schaüble en janvier 2014[2], puis de François Hollande en juillet 2015[3], de nombreux politiques, notamment certains candidats à la présidentielle française, évoquent désormais cette idée, à commencer par Benoit Hamon ou Emmanuel Macron[4].
Dès le deuxième regard cependant, il apparaît que tout le potentiel d’invention d’une démocratie trans-nationale sur la base de la zone Euro qui fait tout l’intérêt de cette idée[5] est directement annulé : les uns et les autres, y compris Thomas Picketty[6], ne conçoivent un Parlement de la zone Euro que comme un nouvel agrégat de parlementaires nationaux (issus de parlements nationaux) et euro-nationaux (issus du Parlement européen composés de représentants élus sur base nationale).
En aucun cas quiconque ne semble envisager une seule seconde de profiter de l’opportunité offerte par le fait de devoir ancrer politiquement et démocratiquement ce souverain commun qu’est l’euro pour répondre à un défi mondial majeur du 21ème siècle : l’invention de mécanismes démocratiques supranationaux, via un ancrage démocratique à la taille de ces institutions, une démocratie trans-européenne pour des institutions transeuropéennes tout simplement.
Or tant que l’Europe restera avec ses démocraties nationales comme horizon ultime du débat sur l’Europe et de la gestion de tous ces niveaux supra-nationaux que le XXème siècle a inventé, autant être clair : les extrèmes-droites seront beaucoup plus efficaces à faire du national-européisme.
Mais qu’est-ce qui fait que nos élites sont à ce point opposées à toute notion de démocratie supra-nationale, tout en clamant leur fidélité aux valeurs de démocratie et en montrant, à juste titre, que toutes ces institutions supra-nationales sont incontournables et qu’on ne reviendra plus au niveau national comme sommet de l’édifice de gouvernance ?
Peur de voir le niveau national se diluer ? Au contraire, la démocratisation des niveaux supra-nationaux de gouvernance ira de pair avec l’intégration harmonieuse de tous les autres niveaux de gouvernance. C’est la polarisation technocratico-libérale entre institutions européennes et gouvernements nationaux qui a affaibli les deux niveaux au cours des 25 dernières années. Si on demande leur avis aux citoyens, la compatibilité entre les deux niveaux de citoyenneté qui les caractérise s’imposera à l’édifice politico-institutionnel.
Peur que les citoyens ne votent pas comme ceux qui leur proposent de nouveaux Parlements voudraient qu’ils votent ? Il est impossible de reconstruire la confiance entre administrateurs et administrés sur une telle base de défiance. L’exemple doit venir d’en haut et des gestes de confiance en émaner… et une vraie capacité à entendre et obéir à une vox populi europeo enfin exprimée.
Car finalement le vrai problème est peut-être là : n’y a-t-il pas de part est d’autre des establishments mondiaux (y compris parmi les leaders de partis d’extrême droite qui ont le plus à cœur de couper définitivement tout espoir pour les citoyens d’influencer ces niveaux de gouvernance en leur mentant sur le fait qu’ils les sortiront du monde) cette idée que la gouvernance globale est une affaire trop compliquée pour les citoyens ?
Si c’est le cas, il va vraiment falloir réfléchir sérieusement à pourquoi des continents intégrés, un monde globalisé seraient inaccessibles à l’intelligence des citoyens.
Serait-ce justement parce que le citoyen est enfermé dans sa démocratie nationale (débats publics, médias, élections) qu’il n’est pas rendu apte à comprendre les enjeux des niveaux supérieurs de gouvernance rendu incapable ? Et c’est le cas, est-ce que ce n’est pas cela qui produit des classes politiques également incapables de comprendre et d’agir sur ces niveaux de pouvoir (rappelons que citoyens et politiques sont les deux faces de la même pièce) ? Et si ceci également est vrai, n’est-ce pas la raison pour laquelle les politiques sont graduellement éloignés du pouvoir pour être remplacés par des technocrates qui, eux, sont formés à comprendre ces niveaux de gouvernance (une tendance dont le phénomène Macron est la parfaite incarnation) ?
Mais quel intérêt avons-nous, nous citoyens et politiques, à un tel monde ? Et comment un tel monde fera-t-il pour se mettre au service du seul intérêt pertinent, le nôtre ?
La solution est dans la séquence de questions ci-dessus : activer une citoyenneté trans-européenne latente en créant des élections trans-européennes invitant des partis trans-européens à confronter leurs projets pour la zone euro / l’UE. Et, en un seul mouvement, générer les acteurs politiques, le débat et la citoyenneté directement issus de ce niveau complémentaire de gouvernance et, à ce titre, capables de comprendre et d’agir dessus.
Des élections trans-européennes, des vraies, vite !
[1] L’AAFB a d’ailleurs fait une compilation de textes élaborés dans le cadre des organisations de Franck Biancheri à ce sujet. Source : Compilation Euroland
[2] Source : Euractiv, 28/01/2014
[3] Source : BBC, 20/07/2015
[4] Source : Euractiv, 15/03/2017
[5] Comme la problématique du séminaire LEAP de janvier 2015 sur ce thème le laisse entrevoir. Source : LEAP, 09/01/2015
[6] Source : Blog Le Monde, 16/03/2017